Aux pieds l’océan, dans sa traîne brodée d’écume, mais si l’on me demande ce que c’est, l’océan, que dire ? Cet océan c’est de la foule, il y a noir d’océan le long des échines de rues, la vague s’accouche en dégoût, se roule au trottoir, flotte et monte. Cet océan c’est de l’oxygène en retard, cet océan balance, balade, berceuse et saoule, bleu d’éthanol, c’est la vapeur dont se revêt l’horizon nu, des hargnes de lumière à l’assaut d’un navire, sentir chanter la pure cacophonie des peurs ; un jour les sabres du soleil ont lacéré nos voiles, cet océan c’est déchirure. Quelquefois, c’est littérature fredonnée tonalité cœur. Je m’entends dans un coquillage, dans ce murmure soufflé dont sont tressées mes veines, dans les vibrations douces multipliées d’échos qui parlent une langue claquée contre la roche. L’océan, sang salé, submerge les avenues bleues. Cet océan, c’est remonter au toit de l’eau le fond de l’eau, brasser de la langueur informe innommable étrangère, précieuse.
J’ai la maladie océane ou j’ai palinodie profonde : se dire se retirer, palpable pas touché ; la matière dérobée, océan, le gémissement sonnant par les tunnels du cœur, être hanté/rongé d’océan, remettre une cartouche d’océan dans son stylo-pluie, s’affronter.