Carnet à miettes

La moitié de la ville est paralysée depuis plusieurs mois, à cause des travaux pour la construction du tramway. C’est au point qu’en venant samedi en visite, F. a trouvé Metz cassé ; « du démolissage », a-t-il dit.

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Mon arrêt de bus n’existe plus. Pour descendre à l’université, il faut s’arrêter, au choix : à Comédie ou quelque part plus loin, le long du Pont des Morts. Ce matin j’ai choisi Comédie, à cause du nom – tout est souvent question de noms.
Il y avait un long rang d’enfants devant la terrasse d’El Theatris, alors je suis passée très vite. Plus loin, l’eau brune flânait entre la berge de l’opéra et le mur ouest du lycée. L’occasion d’une photographie (médiocre) de la grise mine du jour.

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La fac me déboussole. Je n’y ai plus mis les pieds pour études depuis bientôt un an, et en montant les marches d’entrée, me voilà presque à courir tant l’impression est forte que tous les yeux me percent et lisent en moi.

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Midi. C’est un brouillard. J’avance en presqu’aveugle dans les rues piétonnes. N’en garde en mémoire que profond malaise et magma grouillant, têtes, pulls, voix en désordre ; une brume ocre flotte ; tout près de moi, un mur. J’entends un inconnu assis loin derrière, m’appeler.

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Plus tard, il est déjà deux heures. Jus de fruits frais, acheté au pressoir en face de l’esplanade, où le soleil tape sec. Près de l’arrêt de bus, des enfants chahutent entre les jets d’eau. La ville défigurée n’a pas que de mauvais aspects : cette grande place, ces jets, ces cascades n’existaient pas il y a cinq ans. Il n’y avait qu’un parking ici, sans jeux ni rires.

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Cinq heures. Une pluie s’abat dont chaque goutte semble lourde, sonore. Elles claquent l’une après l’autre dans la terre meuble du jardin, on les entend distinctes, régulièrement frappées, de plus en plus épaisses et rapprochées, l’intensité d’averse montant sans cesse au point que Mirabelle s’enfuit. L’orage suivra.
Je lis, dans cet air là, la tempe contre la vitre qui donne sur le lilas trempé. Chapitre cinq, « Contradictions de la formule générale du capital ». Avec le titre on ne dirait pas, mais ce livre happe mieux qu’un roman – question de goût, peut-être.

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Cela, c’était hier : goût kiwi vers midi, menthe-hibiscus au crépuscule ; odeurs d’essence puis de végétation mouillée ; jour vrombissant qui se résout dans le ronronnement du chat. Et aujourd’hui, j’en suis à ce décousu d’impressions dont on ne fera rien, mais qui a le mérite de ne retenir que le meilleur d’un quatre mai plutôt pénible.

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