Cet autre hiver

Cet autre hiver
cet hiver d’océan indien
cet hiver des mois d’août chatouillé d’alizés rieurs

D’un tel hiver, le bruit de chiffonné me revient à l’oreille tandis que je classe des papiers. On m’apportait tous les deux jours, au petit déjeuner, une enveloppe arrivée pour moi. Par jeu, je la laissais un peu fermée. Je me faisais languir. Puis la vaisselle réglée, je montais à l’étage me chercher un coin pour l’ouvrir. J’y allais sans délicatesse. Sans force non plus. Tout entière parcourue de chocs d’impatience électrique qui me faisaient trembler les mains.

J’entends encore le froufrou délicat des pages que l’on déplie. Et les conversations autour de moi, derrière les murs. Une voix qui parfois m’appelait : « viens voir ! »

Je me souviens d’avoir glissé ces lettres dans de beaux livres et dans mes poches. De les avoir posées sur ma table de nuit. De ne jamais les avoir perdues ni mélangées. Jamais. Qu’elles m’étaient si précieuses que j’y avais rangé mes meubles et que j’y dépêchais mes peurs. Je les relisais pour y boire – on est parfois à sec jusque parmi les gens qu’on aime. Et dans cet hiver-là, le timbre dominant qui tenait tout le reste avait la voix intime de nos correspondances. Une voix de silence froissé.

Une réflexion sur “Cet autre hiver

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