A l’occasion des Vases Communicants de juin, j’ai l’honneur d’accueillir ici un texte de Michel Brosseau, qui m’invite en retour sur son site A chat perché. Nous avons choisi les couleurs primaires comme thème pour notre échange : chacun de nous a écrit à partir de trois photos, l’une à dominante rouge, l’une à dominante jaune, la troisième à dominante bleue. Voici le résultat…
* * *
rouge
Jamais entendu rouge coccinelle. Ou même rouge comme une. Comme une tomate. À la rigueur s’empourprer. Mais de coccinelle non, aucune trace, se dit pas. Paradoxe quand du coccinus écarlate indique le dictionnaire. Finale en elle propice à la formation d’une verbe du premier groupe. Mais se coccineller de peu d’avenir: trop grande proximité sonore avec coccix. D’autant plus délicat que l’os ainsi nommé par analogie de forme avec le bec du coucou, kokkux en grec. Délicat pour qui a lu les travaux publiés en1989 par l’ornithologue allemand Link, le bien nommé, qui, après 36 années d’observation, nous révèle que l’oiseau des bois et des pendules inclut dans son régime alimentaire le coléoptère et donc ainsi la coccinelle. Troublant de voir non seulement se rejoindre linguistique et zoologie mais aussi se boucler la boucle…
bleu
J’aurais dit coupelle. À y regarder de plus près, c’est peut-être pas le mot qui convient. Parce qu’ici le bleu se répand, s’impose sans violence sans trop qu’on sache sa provenance. Reflet d’un ciel ou du sol et de la coupelle. Ça se noie et il n’y a plus que l’eau et le reflet. On s’y perd sans pouvoir imaginer ce qui autour. On reste pris et donc coupelle ne convient pas, où séparer or et argent d’un alliage. On ressent doux, doux de l’oubli sans doute, mais aussi un peu plus sans savoir quoi. Et donc creuset d’os calcinés coupelle ne convient pas.
jaune
Jaune foin ne se dit pas. Il faudrait pouvoir marcher, monter dans l’étendue. Mes prés sont de bocage et de passé: ici du marcher vers et d’horizon à découvrir. Monter: rêche de l’herbe sèche qui gratte aux mollets (sandales), craquelures sèches de l’herbe rase qu’on écrase (brodequins). Soleil, odeur de presque feu et la sueur.
Michel Brosseau
Et retrouvez tous les Vases Communicants du mois de juin sur le blog dédié.
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Ta manière de raconter les choses sont super réalistes
Moi aussi j’ai horreur des démangeaisons du au foin, aie aie
Et les photos sont superbes !
Puis les textes les décrivent très bien :)