Ce lieu : on piétine un sol grillagé, sous un plafond de cris, dans des allées étroites où des silhouettes s’enchevêtrent, les bras tendus et les mains pleines. La purée des voix qui roulent là, est infixable. La lumière des néons vole à tout le décor sa troisième dimension. Il me semble marcher sans avancer jamais. Dans la panique, j’arrache les produits des rayons, n’importe lesquels, sans considération de budget ni d’utilité, avec de grands gestes hargneux. Je vis au-dessus de mes moyens dans un luxe en forme de gâchis. Je mange des choses dont les paquets ressemblent, par leur forme ou par leur couleur, à ce que je devrais manger. En rentrant je découvre que j’ai acheté un balai, un maillot de bain d’homme, du sucre vanillé, des asperges en bocal et du papier canson. Je pleure. C’est le bruit qui fait mes achats. La peur qui pousse le fric dans le gosier des caisses. Et la nuit, on compte sur ses doigts.
Un texte terrifiant dans sa concision… On le voit cet espace commercial glouton et dévorant…
Mais il n’est pas besoin de crise panique pour acheter en ces lieux des choses dont on ne voulait absolument pas faire emplette !