Observer les gens de loin et certains, les admirer jusqu’au point de douleur – mais pour autant, ne pas se résoudre à leur parler. Rompre le silence serait briser l’image d’un eux possible sans envahissement. Tout à coup il y aurait de leur côté un regard informé de moi, une attente, peut-être une question. La parole, souvent, est cela : un visage donné au « pourquoi » par un être singulier qui le porte malgré soi et le promènera jusqu’à sa mort. Cette rencontre avec l’autre jusqu’au bord de lui-même (c’est-à-dire avec la question qui l’enveloppe et le dépasse), m’oppresse. Non pas condescendance ni mépris ; effarement de voir l’image de lui se reculer, céder la place à une adresse qui me met violemment en cause.