Le mot désir lui monte aux lèvres de plusieurs façons : point d’ancrage dans ses textes analytiques sur l’appréhension du sujet : comment le « je » peut être un « je » – vague régulière échouée à l’orée d’un poème sans aube – histoire blanche du rapport entre soi et l’objet, avant de remonter le fil de l’autre.
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Le mot désir lance des regards d’aigle.
Le mot désir s’enferme dans la petite pièce, où il s’étire, s’étend, s’étale entre le velours et la soie.
Le mot désir avec son double-fond.
Le mot désir tout en langueur puis le mot désir en violence. Le mot désir en cris, le mot désir en souffle, soudain le mot volé, suspendu, le silence extrême, une toile d’air parcourue d’ondes qui la vont déchirer.
Lorsque le mot désir n’est que son ombre
la poche percée
le ballon crevé
la couleur déflorée
Lorsque le mot désir se penche au bord
ou se recroqueville, ou même
lorsque le promeneur recueille un mot de cette trempe – mais délavé
qu’il aurait rencontré au hasard d’une flaque où se miraient un ciel et quelques parapluies
ce mot à la toux rauque, posé-là comme un chiot
grelotte
Le mot désir sorti du mot désir
dévêtu de lui-même
lacéré au niveau du ventre
Le mot désir au chevet d’une étoile malade
Le mot désir courait sur un miroir
Le mot désir s’est déroulé
Qu’on le pose à plat sur la ville, qu’on y envoie tourner nos milliers de roues monotones
Joli
<3