Chanson écrite en 1940 par le Suisse Jean Villard-Gilles, à destination de la France occupée.
Ce soir en moi
quelle est donc cette voix
lancinante et mélancolique
qui sur un rythme à trois temps
me prend et me surprend
et me dit en chantant :
Rappelle-toi
les beaux jours d’autrefois
le plaisir et les folles musiques
sur le boulevard fleuri
joyeux charivari
la gaîté de Paris
C’était le quatorze juillet
ô Paris que j’aimais
tu tournais en cadence
partout de l’Etoile au Faubourg
sous les feux de la Tour
dans un élan d’amour
Toute la ville était à nous
la chaussée et ses clous
faisaient place à la danse
et même l’agent de planton
rengainait son bâton
pour danser le boston
Et de Montmartre à Montparneau
comme de gais moineaux
sans souci de la vie
nous goûtions dans la chaleur
sous les lampions en fleurs
le climat du bonheur
Léger subtil émouvant
ah quel enchantement
quelle exquise folie
Ô reverrons-nous jamais
les lampions les bouquets
du quatorze juillet ?
T’en souviens-tu
nous allions confondus
enlacés la tête un peu grise
portés par le mouvement
d’une valse à trois temps
au son des instruments
Des ouvriers
des gens bien du quartier
un spahi et même une marquise
tout ça faisait dans ce bal
un grand peuple amical
sous le ciel estival
C’était le quatorze juillet
tous les bistrots brillaient
de Belleville à Grenelle
On buvait des coups de Beaujolais
d’Anjou et d’Muscadet
les jolis noms français
Une très douce volupté
allumait les clartés
dans le regard des belles
tandis que l’accordéon
la basse et le piston
jouaient la Madelon
Et tous ces témoins du passé
beaux trésors amassés
par des siècles de gloire
le Louvre où vécut le roi
Saint Germain l’Auxerrois
grand seigneur d’autrefois
quittaient leur manteau royal
pour se mêler au bal
gentiment sans histoires
trinquaient avec leurs sujets
et se réjouissaient
du quatorze juillet
Je vois encore
jetant leurs flèches d’or
éclater les feux d’artifice
De la foule un cri montait
et du ciel qui s’ouvrait
il pleuvait des bouquets
Tendre gaîté
soir de fraternité
tous amis tous copains tous complices
pour chanter et pour fêter
dans ce beau soir d’été
ton grand nom : liberté
C’était le quatorze juillet
coquelicots et bleuets
sur des épaules blanches
partout chantaient les trois couleurs
et personne en son coeur
ne pensait au malheur
Hélas le malheur a fondu
sur ce peuple éperdu
ainsi qu’une avalanche
Il ne restait au matin
sur le triste jardin
que des lampions éteints
Un jour nous les rallumerons
Paris beau fleuron
de l’humaine sagesse
Nous avons besoin de toi
de ton coeur de ta voix
de ton goût de ta loi
La raison nous reviendra
tu verras ça ira
et alors quelle ivresse
quand nous reverrons bien français
refleurir les bouquets
du quatorze juillet
Une jolie « complainte » qui fait presque penser à des chansons médiévales… et jolie idée que de l’avoir redécouverte pour le 14 Juillet