Nous ne partons pas en voyage. Nous sillonnons inlassablement le même lambeau de campagne, entre la ferme de Montigny et ce qu’on appelle « le village ». Après l’inondation de la semaine dernière, la Seille se retire lentement. Certains chemins débouchent encore sur une étendue d’eau limoneuse au couvert des arbres, il reste des champs mangés d’eau et des sentiers noyés, mais les promeneurs sont de retour, fidèles ombres chinoises au pays sans lumière, et la pluie a cessé. Au loin, une grande chienne noire au profil effilé court si vite qu’elle découpe le vent.