« T’as vu comme elles sont belles à Metz les filles, Fred ? » fait la voix. Et les passants du mardi soir, quels grands flatteurs ce sont, songe Silencieuse en rendant un sourire furtif. Il est 20h00 et la Moselle a le cœur noir. Penser à marquer d’une croix cette première balade d’automne autour du temple neuf, dont les fenêtres orangées se découpent comme des yeux de chats. Le paysage de ce soir-là dit exactement ce qu’il faut. Pas un mot n’est à ajouter aux feuilles éparses devant le théâtre. Il y a comme un bloc d’air froid, une solidification de l’oxygène, partout le détail grignoté des architectures, des pavés, puis sur le trottoir la porte qui s’ouvre et ces deux personnages de tissu, de chapeaux, de voix. Une promenade exprime comme un livre. Combien de gens a-t-on connus qui n’écrivaient ni ne chantaient, mais qui se promenaient ? Ils étaient, ces gens-là, compositeurs de promenades.
14 nov. 2017