8.9.18

Nous sommes assis dans le parc où il m’a poursuivie. « Parle », dit-il.  Il me commande des mots. C’est une violence qu’il m’inflige en réponse à une autre que je lui inflige : ma fortification de silence imprenable, ma trajectoire alambiquée en courant devant lui, la ville sillonnée, effacée. Quand nous échouons sur ce banc, l’eau de la Seille, je ne sais comment, m’envahit. Elle m’envoie des mots mourir dans la gorge. La Seille est bordée d’ombres d’arbres. En plein jour ce sont des saules blancs, mais les saules blancs sont noirs ce soir.

Il ne sait pas qu’en m’enfuyant cette nuit-là, en claquant la porte de la voiture, en courant de la ville au parc, c’est dans sa direction que me pousse l’habitude, et que mes pas conduisent chez lui, qu’il me faut retenir mon souffle pour ne pas appeler son nom, redoubler d’attention pour ne pas finir dans sa rue, veiller l’une après l’autre à l’extinction de mes pensées car en chacune un quelque chose revient vers lui. La situation est absurde. Il me court après lui courant après. Cela me donne envie de rire et de pleurer.

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