8 février 2020

marseille

Merci, Aix-en-Provence, d’être un tel réconfort. Merci de m’avoir ramassée pour la seconde fois de ma vie. Je ne reviens pas du nombre de sourires que tu m’as adressés. Tu es belle de jour comme de nuit, bien qu’un peu prétentieuse, et tes bus qui n’arrivent jamais nous font mourir de froid mais : dieu qu’il est musical de t’habiter et de te parcourir.

Je t’ai quittée hier, un brin nostalgique. Mais les autres disaient en m’entraînant : « ce n’est pas un soir à rester seule » alors nous nous sommes agrégés au McDo de la zone, nous faisant signe de table en table, et nous avons revisité en mémoire ces dernières semaines.

Il y avait des caractères : celle qui écarquillait les yeux pour ponctuer ses phrases, il y avait la sûre d’elle, le provocateur, l’attentif et l’irrégulier – souviens-toi aussi de cet autre qui savait bondir en avant, communiquer sa joie, parler. On se gardait des places, on mentait les uns pour les autres, quelques-uns montaient sur les tables, on dansait ou ne dansait pas. Une femme que je n’aurais jamais osé aborder dans la vie m’a déposé d’autorité un gobelet de thé dans les mains, un jour que je faisais grise mine ; elle voulait qu’au lieu d’être triste, je l’accompagne déjeuner. Une autre, encore, nous décrivait de ces fruits exotiques dont il est impossible, sans les avoir goûtés, d’imaginer le goût. Chacun apportait son bout de pays et nous l’ajoutions au rêve général. Nous chantions mal mais nous chantions ensemble.

Nous avons marché dans tes Milles désertes, parcourant et reparcourant les deux kilomètres du portail au bus, aux heures où les rues bordées d’entrepôts se taisent absolument, aux heures où elles rugissent aussi ; à force d’allers-retours, nous avons creusé les trottoirs des Milles.

Aix-en-Provence, nous te hantions. Tu étais devenue l’annexe de nos chambrettes sans distraction. Chaque soir, nous nous jetions en toi. La lumière tournait dans ton œil – dorée sur les places où nous la savourions avec un verre de vin, rose électrique et bleue fluo aux heures avancées de la nuit. Tu me ruinais un peu, et cependant tu me tirais de mon nuage.

Cette période de quelques semaines qui ne devait jamais finir, s’est achevée hier.

J’ai emporté en m’en allant le chantonnement de tes petites fontaines. Je l’ai pris comme on vole – en cachette – et t’ai quittée en sautillant, tu sais, d’un sautillement sincère.

2 réflexions sur “8 février 2020

  1. Je n’ai pas vécu Aix-en-Provence de cette manière, mais comme il est agréable de lire le ressenti si différent d’une autre et pourtant de reconnaître ce dont on été si loin. Merci.

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