
La fête était si triste, on n’aurait pas dit une vraie fête. Malgré les lumières, la musique, les feux d’artifices, les gens qui faisaient du forcing pour que ce soit joyeux, ce n’était pas joyeux. Le jour n’avait pas pris la peine de se lever. Il tombait une pluie à pleurer. Mais même la pluie aurait été joyeuse si l’avions été – la pluie qui nous avait toujours emboité le pas dans la joie – et qui cette fois tombait, avec en elle quelque chose de plus lourd qu’elle. Et ce poids tombait entre nous. Il s’abattait sur nos épaules. Il infiltrait la vieille cabane où circulent nos pensées, faisait gondoler notre vocabulaire, traversait avec notre sang le battement de nos organes et les attirait vers le sol. Et notre simulacre alors – notre simulacre de fête, lampions et mensonges musicaux à la gueule sinistre des jours, notre simulacre ne trompa personne. Sans nous en rendre compte, nous avions tiré sur la fête un lourd rideau de pluie. Ce fut une période rectiligne – ou disons : recluse.