novembre 2010

Lorsque je gonfle mes poumons, l’oxygène prend son goût d’hiver : quelque chose de froid comme un lampadaire isolé, un goût de rayon fracassé contre le trottoir à paillettes, une histoire de ruelles désertes avec une main chaude sur laquelle refermer mes doigts, un vent qui porte en moi de longs lointains emballés dans des laines. J’entends aussi les bruits d’hier. Comme un secret d’ambiance, ils reviennent avec le ciel bas et la pluie torrentielle. Sur un square perdu en Moselle, des fantômes d’enfants chahutent. Ils jouent à s’échanger leurs gants, à être des oiseaux, à construire des échelles de rêves. Et la dame, là-bas, approche de son petit pas tendre pour les récupérer, parce qu’à la maison un chocolat chaud les attend… Sur un signe d’elle, ils s’en vont à sa suite.
A la maison…
C’est tout le temps la nuit, là-bas. Le corps du ciel va embrasser les toits lustrés, ils n’attendent plus que lui, son ventre qui descend, descend sans jamais atterrir. Et puis c’est tout le temps l’amour quand les chocolats chauds arrivent, que la pluie ploc, ride les flaques, pleure à la vitre : on n’en garde que la chanson. Elle accompagne le lait chaud pour irradier le corps d’une saveur de mercredi-d’hiver. Et depuis le fauteuil de l’autre côté de la table, une voix fluette s’enquiert : “Est-ce qu’il est assez chaud ?”. Elle a les inflexions de ton qu’ont ces gens de Lorraine du nord, une langue française culbutée de sursauts bitchois.
Le chocolat est assez chaud. L’enfant hoche la tête, les yeux fermés, l’air enchanté.
L’hiver a son goût d’oxygène.

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